Marcher avec Sylvain Tesson

 

Bonjour chers lecteurs,

Vous voulez devenir un marcheur? Mais pas de ceux qui marchent au pas cadencé de l’hyper-libéralisme mondialisé.

Vous voulez vraiment sortir du système? Mais sans emprunter les échappatoires autorisés et contrôlés par le pouvoir et ses séides multi-médiatisés?

Vous voulez comprendre pourquoi la nature et les animaux vous consolent de la société moderne? Mais pas en devenant un bobo-pseudo-vegano-écolo?

Alors lisez « Sur les chemin noirs « de Sylvain Tesson chez Gallimard.

Tesson, nous l’avons connu dans la solitude d’une isba au fond d’un exil volontaire sur les rives du lac Baïkal ou à bord d’un side-car soviétique sur les traces de la Grande Armée.

Ce nouvel ouvrage se distingue par un texte magnifiquement écrit dans un français limpide et lyrique mais jamais ampoulé dans une quelconque posture. Du Blaise Cendrars à la sauce d’aujourd’hui. Tesson nous fait vivre sa résurrection .Suite à un terrible accident qui le laisse pour mort il décide, envers et contre tout le corps médical, de réparer sa carcasse meurtrie et de vivifier son âme grâce à une longue randonnée sur le territoire de France.

Et si vous n’avez jamais lu du Tesson ne vous attendez pas à vivre une gentille déambulation tripadvisorisé pour cadres stressés avides de « frissons » et de « performance ». Non, bien au contraire, vous allez prendre les « chemins noirs » de l’hyper-ruralité, ces chemins qui figurent sur les cartes d’état major sous la forme de subtiles lignes noires à travers le territoire. Et vous allez le faire à pieds, de jour, par tous les temps, en dormant au bivouac. Et vous allez le faire des plages de Nice à celles du Cotentin.

Si vous voulez savoir ce qu’est de se mettre à l’écart, de faire un pas de côté, de refuser la frénésie mortifère de nos sociétés alors vous serez comblés.

Je ne résiste pas à vous livrer un court passage du livre: « Aller par les chemins noirs , chercher des clairières derrière les ronces était un moyen d’échapper au dispositif. un embrigadement pernicieux était à l’oeuvre dans ma vie citadine: une surveillance moite, un enrégimentement accepté par paresse.. »

Le livre refermé, j’ai bien sûr pensé à Joseph Kessel ou Henri de Monfreid, mais de prime abord ce qui revint à ma souvenance furent ces vers de Charles Peguy:

Vous nous voyez marcher sur cette route droite

Tout poudreux, tout crottés , la pluie entre les dents,

Sur ce large éventail ouvert à tous les vents

La route nationale est notre porte étroite.

Bien à vous et bonne lecture!

 

Lavotchkine